vendredi 7 octobre 2011

Dimbokro 53

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Après avoir vécu trois mois à Daloa (Haut-Sassandra), la maison Périnaud fermant, mon père F. part travailler pour la maison Harambat à Dimbokro. Ville du centre de la Côte d'Ivoire, située à 200 km, au nord de la capitale Abidjan, dans la zone d'influence du royaume Baoulé. Dimbokro se trouve dans la région du N'zi- Comoé, au bord du N'zi, affluent du fleuve Bandama. Celui-ci est long de 1050 km, il est entièrement ivoirien et traverse le pays en son milieu; il se jette dans l'océan Atlantique, à Grand-Lahou.

Légende: la majorité des habitants de cette région sont des Baoulé, dont l'histoire est un épisode de la diaspora des Achantis. Lorsque le royaume Achanti se stabilisa autour de Kumassi, au Ghana, une fraction de la population, chassée par des dissensions familiales, se regroupa autour de la reine Abla Pokou et vint se fixer au centre de la Côte d'Ivoire. Selon la légende, Pokou et son peuple furent arrêtés dans leur fuite par un fleuve. Pour qu'ils fussent sauvés, l'oracle exigeait un sacrifice : la reine jeta son fils unique dans les eaux infestées de crocodiles. Alors, sur la rive opposée, un grand fromager (arbre) se coucha pour servir de pont aux fugitifs. Tous purent passer, mais la reine, déchirée, se tourna vers le fleuve et cria : Ba ouli (l'enfant est mort !). Telle serait la tragique origine du nom Baoulé.


Nous vivons dans un habitat au confort rudimentaire, propre à l'époque; mobilier réduit à l'essentiel, électricité par un groupe électrogène, mais deux petits flamboyants ornent l'entrée principale de la maison. Dimbokro se situe dans une cuvette chaude et humide et avec le pick-up GMC fourni par Harambat, la petite famille part souvent au bord du Kan, une rivière à 15km. Mon frère P.H nous rejoint; âgé de sept ans, il fait le voyage Paris-Abidjan, accompagné par Mr St-O, ami et collège de travail.

Pendant quelques années, la vie de notre famille évolue dans ce qu'on a appelé "la boucle du cacao"; la boucle part de Dimbokro, Bocanda, Ouéllé, Anoumabo, Kotobi, Bongouanou et retour sur Dimbokro. Début 1954, mon père F. quitte Harambat et prend en main une plantation de café, à 25km de Bocanda: la plantation Korékro où nous nous installons; ma mère M-A, enceinte de huit mois rentre en France en avril 54, nous emmenant P-H et moi, pour la naissance du bébé.

Texte et image de caroline_8

1 commentaire:

  1. Beautiful memories come to my mind when I read your articles about Dimbokro, my birthplace. Thank you.

    Mike
    San Francisco, CA

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