lundi 29 août 2011

Du plaisir de la sieste

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Tout d'abord, créer l'ambiance... fenêtre ouverte pour qu'un petit vent fasse bouger les voilages, tout légers et transparents afin que la lumière, ainsi tamisée, baigne la pièce de couleurs apaisantes.

Adolf von Menzel -balkonzimmer- 1845

La sieste désigne le sommeil pris en milieu de journée, le plus souvent après le repas de midi, mais aussi, plus généralement, toute forme de repos (avec ou sans endormissement) pris en cours de journée par opposition au sommeil de la nuit. Lors de la sieste, il est possible de s'allonger simplement ou de dormir franchement. Le temps varie selon les personnes, de dix minutes à plusieurs heures. Je m'allonge, je m'endors pour une vingtaine de minutes et je m'éveille toute reposée.
Petit repos entre deux grands sommeils, la sieste a pour caractéristique principale d'être un assoupissement qui peut se passer au lit, mais peut aussi se passer du lit... On fait sa sieste, allongé dans l'herbe tendre d'un jardin, dans un épais fauteuil d'une maison de campagne. Personnellement je préfère un lit dans une semi-obscurité; pas besoin de silence, j'aime l'idée que la vie n'est pas très loin. La sieste ne tolère pas l'agitation haletante, mais elle est s'accommode d'une très légère activité, quasiment somatique, destinée à rendre cette phase infiniment plaisante. Lecture lascive, baisers doucereux, boisson fraîche et café chaud : la sieste est une langueur du corps et de l'âme. Elle constitue un moment privilégié où le corps est soumis à une baisse de tension qui donne à l'esprit l'occasion de voleter, tout heureux. Et ce d'autant plus que l'état d'indolence de la sieste donne souvent au sens une étrange et inhabituelle acuité: l'ouïe sélectionne les sons qui lui plaisent, le toucher fait de tout contact une caresse, les parfums sont plus vifs et les papilles s'émerveillent des subtilités de la moindre menthe glacée.



Federico Zandomeneghi -En el lecho- 1878

Sa pratique diffère selon les cultures, le climat et les individus. La sieste est couramment pratiquée dans les pays chauds, aux heures les plus chaudes lorsque le soleil est au zénith : la chaleur ne permet pas d'activité très physique et le travail est remis aux heures plus fraîches. J'ai gardé cette habitude et ce besoin, je dirais même ce plaisir, bien sûr, de toutes ces années passées en Afrique. Dans les pays plus froids, la sieste est moins courante. Les enfants en bas âge ont souvent besoin d'un tel moment de repos, au moins sous la forme d'un temps calme organisé dans les structures d'accueil (écoles, centres de loisirs ou de vacances). Véritable art de vivre en Europe du Sud et en Amérique latine, la sieste est encore mal vue en France. Pour les adultes, en Occident, la sieste est souvent vue comme un luxe, un temps volé au temps de travail ou à d'autres activités.



Balthus -La dormeuse- 1943

Heureux ceux qui aiment sombrer dans une sieste réparatrice au milieu d'une dure journée de labeur ! ... Et je fais partie de ceux-ci. Cet instant privilégié figure en bonne place dans la correspondance et les journaux d'André Gide ou de Thomas Mann, dans les romans de Jorge Amado ou Miguel Angel Asturias.

 -La sieste est un moment déterminant : pour se recueillir, réfléchir, rêver, (...) et dormir- (Thierry Paquot -L'art de la sieste- Ed. zulma)

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