samedi 10 septembre 2011

Des mots de nos cases d'enfants

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Laurence nous confie qu'elle a vécu là, de sa naissance jusqu'à l'âge de ses 3 ans : - J'ai donc fait mes premiers pas sur la latérite de cette magnifique "Auvergne" Camerounaise ! Des débuts de broussarde.... Ce qui n'a rien de péjoratif, au contraire ! La brousse, ça forge.... Mon père participait à la construction de la route reliant Douala au Pays Bamiléké et ma mère débarquait de sa Normandie natale.... C'était l'époque des lampes et des frigos à pétrole, des moustiquaires... Et c'était "Only you" des Platters qui était au TOP 50 ! À mi-chemin des savanes du Nord et des grandes forêts de la région littorale, s'étendent les hauts plateaux accidentés et verdoyants des Grassland ou prairie de l'Ouest du Cameroun. C'est une des plus belles régions du Cameroun sur le plan naturel comme sur celui de la culture. Aux paysages très variés, alternent des zones de collines, de montagnes et de plaines et le relief accidenté abrite de nombreux sites naturels: lacs de cratères, chutes d'eau et vastes étendues de forêts ou de savane herbacée.

Béatrix trouve les mots pour le dire, pour dire son pays de l'enfance : - Quand ma maman africaine s'en alla, je l'attendais chaque jour contre la grille du portail de la cour, mais elle ne revint jamais. Ce fut Yaya, le vieux jardinier qui s'occupa de moi... Je passais toutes mes journées avec lui, continuant de jardiner avec ma brouette et ma pelle et faisant autant de pas qu'il en faisait pour venir à bout de ce grand jardin... Je disais Yaya pour l'appeler et comme il était un peu sourd, je criais très fort: Yaya! pour qu'il m'entende, mais il était toujours là et il veillait sur moi, m'expliquant une foule de choses sur le jardin... C'est ainsi que je découvris la nature enchantée de mon très beau pays.
Béatrix n'oublie pas les mots de là-bas et leur musique: oum kakané, dim kakané, congo bina, thiogo thiogo... et nous partageons le repas de Yaya, le jardinier bien fatigué!

Zoé Chiffon la grande voyageuse qui, à la fin de l'année 1962, part pour Phnom Penh: -(...) et Abidjan - Paris un petit arrêt... histoire de faire quelques emplettes de trucs introuvables au Cambodge: petit habit, linge de maison, couverture pour la clim, ben oui, il peut faire frais ! Etc. On expédie le tout dans une cantine cerclée de fer, cric -crac, par bateau... Nous voila repartis en avion vers Phnom Penh : Nicole, mon bébé de frère et moi. A cette époque, les avions font beaucoup d'escales: Athènes, Adis Abeba... A chaque fois, il faut descendre sur le tarmac, chaud évidement et attendre dans l'aéroport. Bref c'est un peu long... Enfin on arrive à bon port et nous voilà, de nouveau ensemble, tous les quatre.
Voilà qu'elle nous parle de ses petits héritages.


Meerkat avec mélancolie cherche encore, sa place: - Lorsqu'à 9 ans, j'ai dû partir de Côte d'Ivoire, je ne savais pas (...) Quand, un peu plus tard, j'ai enfin réalisé que je ne reviendrais pas, l'arrachement a été violent. Tout un temps, mes rêves m'ont ramenée chaque nuit en Afrique, je revoyais mon pays si beau, les huit collines ceignant le village, la voûte ombreuse de bambous surplombant l'allée menant à la maison, le prisme lumineux des verts du feuillage se mêlant au rouge de la terre, le regard des étoiles sur mon marigot et l'éblouissement du soleil levant. Tout ce que j'aimais quand j'aspirais la liberté à pleins poumons, courant la brousse, et que mon cœur bondissait de joie comme un cabri sauvage. Mais les réveils étaient douloureux. J'avais quitté mon pays sans avoir fait mes adieux et je l'avais perdu. Je n'en ai pas retrouvé d'autre depuis. Je n'ai plus su où était ma place.
Comme beaucoup d'entre nous! Ainsi, vous découvrirez son enfance africaine.

Hélène Mohone dans son livre –L'enfant africaine- évoque la douleur de l'exil d'une enfant qui a grandi en Afrique, loin de son pays d'origine. Par un jeu incessant d'évocations entre le présent et le souvenir de l'enfance, le corps abandonné de l'enfant africaine revient peu à peu vers l'adulte et permet alors la réconciliation de la petite fille et de la femme. -L'enfant n'a que son sourire pour dire qu'il est là, qu'il ne bouge pas. Il n'avance, ni ne recule. Il ne tient rien, ne possède rien. Il est un désert inhabité. Un paysage à l'écorce sèche, sans profondeur. Une eau sans remous, un lieu de déportation. Il ne joue pas. Il regarde et ce qu'il voit ne lui rappelle rien. Il ne se souvient que du moment où il fut figé là par l'autre, partie, traversant des eaux mortelles pour ne pas revenir. Il est fidèle à cet instant de déchirure. Il en est le serviteur. L'enfant sourit à la lame qui fend la toile de la mémoire. Il reste prisonnier de ce déchirement. Il est pris dans les fils de l'histoire. Il ne sent rien- (Extrait)
Voir son site avec des photos de son enfance.

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