vendredi 9 septembre 2011

La jeune fille qui avait un goût de rire sur les lèvres

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Elle s'appelle Jeanne Hébuterne. Elle ne se poudre pas le visage, elle ne se met pas de rouge aux lèvres. Elle ressemble à une vierge vénitienne, dessine très bien (... ) C'est une jeune fille douce qui s'ouvre à la vie et à l'amour. Elle est pâle, jolie, maigrelette, un peu maladive, de grands yeux en amande. (Texte de Christian Parisot)

Son teint qui ignorait aussi bien la poudre que le fard, alliait le rose au vert pâle. Deux yeux d'un bleu de myosotis très clair, admirablement disposés sous les sourcils, paraissaient presque blancs. Le nez, long comme dans les figures byzantines, s'apparentait, dans l'infini d'une origine, au bec de cygne, mais proportionné au pur ovale d'un visage de vierge primitive. La bouche était orange: c'était vraiment la fille à "la lèvre d'orange", que Rimbaud a vu "à la lisière" de la forêt, mais toute entière elle semblait échappée d'un feuillet des Illuminations. (Texte de Stanislas Fumet)



5 octobre 1919: Te dire tu, c'est être au plus près de toi, c'est écouter ta respiration dans la nuit.
30 octobre 1919: Dans la nuit(...) je guette ta respiration. Chacune de tes quintes de toux me déchire(...) j'ai mal déjà.
4 novembre 1919: Moi, c'est toi que je veux, ton corps sur le mien, tes mains, ta voix, et cette mèche qui tombe sur ton front et que j'aime ramener en arrière.
8 novembre 1919: Ta fièvre(...) Il faut que je te réveille, il faut je t'empêche de basculer ailleurs. Là-bas. Là où je ne peux te suivre.
14 novembre 1919: Moi, j'étais restée debout, près de la fenêtre, comme si, à guetter sans cesse le coin de rue d'où il surgirait, je pouvais l'obliger à arriver plus vite.
15 novembre 1919: Moi, je veux vivre ce que tu vis, je veux tout partager avec toi.
23 novembre 1919: La fenêtre: devant elle, je reste à t'attendre. L'attente et la nuit se confondent. L'une et l'autre paraissent destinées à ne jamais finir. Je regarde là-bas, dans le noir. (extrait du livre La fille à lèvre d'orange de France Huser)



Elle s'appelle Jeanne Hébuterne et elle est amoureuse d'Amedeo Modigliani, peintre et sculpteur. Modi fréquente les bars avec son ami Utrillo et tarde à rentrer. Jeanne l'attend à la fenêtre toute la nuit parfois et lorsqu’enfin il s'est endormi auprès d'elle, ses quintes de toux, sa fièvre la tiennent éveillée dans la crainte de le perdre.

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