dimanche 4 septembre 2011

Moi, lectrice en demi teintes

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Jour après jour, je lis le blog de Lali comme si celui-ci était mon livre de chevet et à chaque chapitre, c'est une nouvelle page de la vie d'une lectrice, de celle de Lali et sans doute de la mienne qui s'écoule doucement ; mais ma vie s'affirme, se renforce au gré des lignes, des mots et des illustrations dont certaines me parlent un peu plus que d'autres, car c'est aussi un livre d'images... que je ne peux m'empêcher de collectionner, comme on découpe des articles dans les magazines et qu'ensuite, on colle dans un cahier.


Beaucoup de peintures, choisies par Lali, me plaisent, mais celles qui sont faites de grands coups de brosses de peinture à l'huile ou de traits épais de pastel gras ont ma préférence; elles ressemblent à l'ébauche de la femme que je deviens, dans le regard des autres, dans l'appréciation de l'entourage... je ne suis pas finie, bien coloriée dans ma tête, mais un peu dans l'ombre, toutefois.


Je suis à ma fenêtre et j'écris sur l'écran de mon ordinateur et non plus dans mes -Lettres du soir- car l'acte d'écrire est une création qui demande imagination, expérience de vie et partage. Je lis bien sûr des livres, des revues, des journaux, tout ce qui contient des caractères d'imprimerie, des mots, des phrases et des textes qui me murmurent, qui me parlent, qui me crient des sentiments, des voyages et des témoignages. -Car si un livre ne peut suffire à écarter la barbarie, la lecture reste le dernier espace inaliénable de notre liberté- (Georges Steiner)


Je suis dans l'attente et parfois dans la contemplation, avec le risque de rêver ma vie plutôt que de la vivre. -Je me crée mon nid, mon cocon et je veux ignorer la bassesse et l'ennui du dehors; pourtant j'ai envie de petits voyages, de découvertes, de l'ailleurs. Aller plus loin que ces quatre murs. La maison, c'est le port auquel mon cœur curieux et mon être aventureux reviennent toujours- (Journal de septembre 75)


On doit être bien en sa propre compagnie, avant de l'être avec celle des autres. Je n'ai pas du tout peur d'être seule et souvent aspire à ce calme et ce silence dans lesquels, la création est possible. -Si la solitude est importante, c'est que rien ne peut venir que du fond de soi. Car (...) travail et patience sont une condition indispensable tant à l'art qu'à la vie. (...) Il faut une longue traversée du désert avant que, les conditions matérielles, humaines, intellectuelles soient enfin réunies pour œuvrer (Avant-propos des Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke)


La lectrice, que je suis, aime à réfléchir sur ce qu'elle lit, notamment et prendre le temps de goûter à tous ces mots, avec l'impression de ne jamais perdre ce temps-là. Elle apprécie ne rien faire, juste observer, presque méditer; ce qui signifie acquérir une liberté absolue et ne pas être troublé mentalement. Méditer signifie aussi réaliser, intérieurement la sérénité de sa propre nature.


J'ai longtemps penser qu'il fallait -(...) que je vive seule, seule, seule... et que ma porte ne soit frôlée que par des artistes- (Journal 1904-1922 de Katherine Mansfield) Heureusement la vie m'a fait changer d'avis et c'est avec les autres que je dois me réaliser et simplement vivre. Mais les livres ne sont rien, si l'on se contente de les aligner sur les rayonnages de sa bibliothèque. Les livres refermés, c'est la valise qu'il faut boucler. Car voyager, c'est oser l'autre.


Texte de caroline_8 et illustrations prises sur le blog de Lali. Après avoir posté le billet -Moi, lectrice en demi teintes- je me suis aperçue que le choix des illustrations est loin d'être anodin... Toutes les lectrices détournent leur regard ou sont de dos... et la dernière, par contre s'offre aux regards et quitte le livre des yeux pour s'ouvrir aux autres... Comme quoi, l’inconscient parle sans retenue

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